Steffie Van Der Steen, Ivonne Douma and Ilse Snippe
Titre original : « Effects of a reading dog programme on reading skills and task-related behaviour in special needs education »
Pourquoi ça m’intéresse ?
Les auteurs appliquent une méthodologie rigoureuse pour évaluer les impacts d’un programme assisté par le chien. C’est une des rares études sur ce sujet qui s’intéresse à la fois aux compétences de lecture et aux comportements sur les enfants avec des besoins éducatifs spécifiques. Une évaluation des impacts sur le long terme est aussi proposée. Petit bémol, l’étude n’est pas réalisée en aveugle, les examinateurs savent lorsqu’ils observent un enfant s’il a bénéficié ou non de la présence du chien, ce qui est, comme indiqué dans l’étude, un biais dans l’évaluation comportementale des enfants.
Les points à retenir
- La présence du chien a un impact positif significatif sur les compétences en lecture et sur la présence de comportement positif. En revanche, il ne semble pas y avoir d’effet spécifique sur le long terme.
- Le chien n’a pas d’impact négatif sur les capacités de concentration des enfants dans cette étude, au contraire, la présence du chien semble aider les enfants à s’apaiser et à rester focalisé sur la tâche.
- Dans cette études, le chien et les enfants sont libres de se déplacer librement dans la pièce. Les enfants sont toujours à l’initiative des contacts directs avec l’animal qui ne sont au final pas si nombreux.
Je prends le temps de réfléchir à…
- Les interactions physiques ne sont pas forcément nécessaires pour bénéficier des bienfaits de la présence du chien lors d’une séance, on peut réfléchir à des activités qui ne sollicitent pas nécessairement le chien directement
- La nature des activités que je propose : le chien est un individu non jugeant qui permet à l’enfant de reprendre confiance en lui et de se surpasser, mais attention à ne pas choisir des choses trop complexes
- Certains enfants n’ont pas pu être inclus dans l’épreuve, notamment ceux avec un diagnostic de trouble spécifique du langage écrit (=dyslexie) : il n’existe pas de méthode miracle !
Résumé de l’article en français
Les difficultés de lecture impactent négativement la qualité de vie à l’école et peuvent entraîner des difficultés sur le plan social et professionnel à l’âge adulte20. Dans cet article, on considère comme étant en difficulté de lecture des jeunes qui n’arrivent pas à obtenir une lecture fonctionnelle lors de la scolarisation en primaire11. Plusieurs programmes de médiation mis en place de nos jours incluent la présence d’un chien, en partant du principe qu’il aurait un effet positif sur les lecteurs en difficulté. En effet, le chien permet de proposer un environnement apaisant et non-jugeant, particulièrement bénéfique pour les lecteurs en manque de confiance ou avec peu de motivation pour lire (à voix haute notamment)7.
Cette étude est originale puisqu’elle combine à la fois une évaluation quantitative des compétences de lecture et une évaluation des comportements lors de la tâche de lecture. Les auteurs ont mesuré les compétences de lecture avant la mise en place du programme (pré-test) puis à la fin du programme (post-test). Une 3e mesure des compétences a été mesuré à distance pour chercher des effets sur le long terme (3 mois après). Les auteurs ont sélectionné 23 enfants âgés entre 8 et 12 ans avec un retard en lecture en moyenne de 2 ans ½. Les critères de sélection étaient : absence de progrès en lecture, résultats en lecture en dessous de la norme, peu d’intérêt pour lire. Les enfants ont été apparié sur des critères de genre, âge et niveau de lecture, puis répartis de façon aléatoire dans deux groupes (un groupe expérimental avec le chien et un groupe contrôle), puis en sous-groupe de 3 à 4 enfants. Dans le groupe expérimental, les enfants lisent à voix haute à un chien et à un enseignant qu’ils connaissent, alors que dans le groupe contrôle, les enfants lisent à deux enseignants qu’ils connaissent. Le programme a duré 6 semaines à raison de 2 sessions par semaine.
Les enfants ont pu choisir chacun un texte d’un niveau légèrement supérieur à leur capacité de lecture. Pendant la 1ère session, Ils ont travaillé le texte avec l’enseignant et souligné les mots difficiles. Pendant la 2e et la 3e session, les enfants travaillaient en autonomie leur texte puis avaient chacun un temps de lecture à voix haute où l’enseignant pouvait les aider à lire notamment les mots difficiles. Enfin, pendant la 4e session, les enfants ont lu leur texte spécifiquement au chien (groupe expérimental) ou au groupe d’élève (groupe expérimental). Le cycle de session a été reproduit 3 fois.
Le chien dans cette étude est un Labradoodle noir de 2 ans 9 mois. Il est resté libre de se déplacer et de se coucher dans n’importe quel endroit de la pièce. Le chien était dans l’école depuis 2 ans, guidé par l’enseignant spécialisé présent dans le groupe expérimental. A noter que cet enseignant a suivi une formation spécifique et une certification pour pratiquer ce type d’intervention. Pendant les sessions, on a expliqué aux enfants que le chien se calmait dès qu’on lui lisait une histoire. Les enfants étaient libres de choisir leur positionnement dans la classe et d’interagir ou non avec le chien. A la fin de chaque session, un petit jeu était organisé dans les deux groupes.
La description du comportement a été réalisé pendant la 2e et la 3e sessions sur certains enfants en fonction des cycles (chaque enfant a été évalué au moins une fois). Les examinateurs ont utilisé une application (« Behaviour Observation Made Easy »)19 qui permet de noter rapidement un comportement en appuyant sur des boutons. Les examinateurs ont indiqué les temps « on-task » où l’enfant est concentré et les temps « off-task » où l’enfant est distrait. Ils ont également indiqué les signes d’émotions positives ainsi que les signes d’émotions négatives (chacun étant décrit très spécifiquement pour laisser le moins de place possible à l’interprétation personnelle, tout est disponible dans l’article).
Au début du programme, les enfants des deux groupes ont obtenu des scores très similaires. A la suite du programme, les deux groupes ont progressé mais, le groupe expérimental (avec le chien) a montré des progrès significativement plus importants. La mesure prise 3 mois après montre une augmentation des performances similaires entre les deux groupes. Les enfants du groupe expérimental sont restés concentrés sur la tâche 66.73% du temps, contre 56.21% du temps pour le groupe contrôle. Les enfants du groupe expérimental n’étaient plus impliqués dans la tâche pendant 10.57% du temps, contre 16.37% du temps. Les émotions positives sont également plus présentes dans le groupe expérimental. Il est également important de noter que les enfants ont eu en moyenne 5.98 minutes de contact physique avec le chien, initié à 92.7% par les enfants. Les auteurs ont conclu que la présence du chien avait eu un effet positif sur les progrès en lecture mais ils n’ont pas pu conclure à un effet sur le long terme. Il semblerait que le chien est un effet calmant et apaisant, comme cela a déjà pu être montré (notamment en rapport avec des variations hormonales)8, 10, 18, ce qui permettrai aux enfants de rester plus concentré sur la tâche.
Bibliographie
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Article original disponible en libre accès
Une réponse à « « Effets d’un programme de lecture accompagné par le chien sur les compétences de lecture et sur les comportements associés chez les enfants à besoin éducatif spécifique » (2023) »
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wow!! 0« Interaction chien/enfant lors de séances d’activité assistée par l’animal dans le cadre de soins pédiatriques à l’hôpital » (2023)
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